Etape 9 - Avignon – Marignane - 90 km
Ce matin, nous sommes repartis à 07h30 et à trois puisque Olivier, le frère de Nicolas, s’est joint à nous pour l’ultime étape. Mathieu nous a également rejoint à mi-parcours, en arrivant dans l’autre sens. Nous avons bien roulé, comme la veille, en faisant 90 kms en 4 heures. A quelques kilomètres de Marignane, mes parents (en voiture) nous ont croisé et nous ont suivi jusqu'à l’arrivée, la maison des parents de Nico. On a même fini en sprint...
Le comité d'accueil a été très chaleureux : Sophie, Xavier et Rémi nous attendaient aussi et tout le monde est venu prendre le pastis chez maison des parents de Nico. Ca y'est on l'avait fait !!
Il était à peu près midi, heure qui mettait fin à 9 jours d’aventures bicyclettiques et près de 900 km...
Etape 8 - Saou – Avignon - 113 km
Ce matin, nous sommes partis à 05h30, c’était la « Matinale »
que j’avais prévue depuis le départ, malgré le veto de Nico. Nous avons laissé
derrière nous ces roches qui attiraient sur leurs sommets des masses nuageuses
très denses, très basses. Au moment où nous sommes partis, nous nous sommes
aperçus qu’à quelques mètres derrière nous, un microclimat s’était crée, avec
une pluie se déversant sur quelques mètres carrés de terres, pour le plus grand
bonheur des grenouilles qui croassaient comme des malades… Avec le jour qui se levait, la route entre Saou et la Begude-de-Mazenc nous offrait un beau spectacle. Malgré l’orage de
cette nuit, le temps s’était un peu amélioré ce matin, et rouler à la fraîche
sur un trajet serpentant entre les montagnes fut un régal…
Nous sommes repartis vers 16h00 en direction d’Avignon puisque c’était chez l’oncle de Nico que notre étape se terminait. Soirée sympathique avec repas en terrasse (record battu : 113 km en moins de 5 heures, comme quoi il nous tardait d’arriver en Provence !).
Etape 7 - X - Saou -
Il n’a pas fallu longtemps ce matin pour réaliser que
nous n’étions plus très loin de la fin. D’ailleurs, cette impression était
étrange puisqu’en un quart d’heure, à peine partis du gîte, nous avons senti
que la vallée du Rhône était derrière nous et la Drôme provençale à portée de
guidon. Le temps a fait beaucoup pour ça évidemment : un soleil radieux et
une petite chaleur bien du sud.
En plus, nous avons longé pendant pas mal de
kilomètres la ligne TGV Méditerranée, on ne pouvait donc pas se planter de
chemin. Il est vrai qu’on se sentait moins « paumé » qu’avant, la
notion de campagne ici est plus aléatoire…On est arrivé à Anost vers
15h00 et on s’est posé en savourant l’ambiance provençale qui régnait dans le
village. C’est à ce moment là que Mathieu a appelé pour se proposer de nous
rejoindre sur le parcours final de samedi. Bien lui en a pris, puisque j’ai
découvert que le Beaucet où nous devions dormir le lendemain soir (chez Léo)
était différent du Beausset que j’avais un peu rapidement situé sur la
carte ; normal, l’un était dans le Var, l’autre dans le Vaucluse…Hum,
hum…Bref, on a fini par résoudre le problème et finalement on dormira chez
l’oncle de Nico à Avignon.
Pause bière à Saou (forcément...). Le village est au pied du plus grand synclinal perché d'Europe (sic !). C’est assez impressionnant, d’autant plus que le soir, le ciel s’est vite couvert et à viré à l’orage. Une fois de plus, nous étions complètement seuls au gîte. Trois pièces de six lits chacune, trois douches et une immense salle à manger. Royal ! Le gîte lui-même était au pied des roches, ce qui rendait le site encore plus appréciable et étonnant.
Etape 6 - Chasey sur Ain – X -
Pouvait-on à priori connaître journée pire que celle d’hier où nous avons roulé sans interruption sous la pluie, sous l’orage, sous l’averse, le tout en se coltinant quelques sommets culminant à plus de 800 mètres ? A priori non…sauf que oui. Si mardi ressemblait à un cauchemar, mercredi avait des allures d’enfer.
Tout avait pourtant bien commencé puisqu’au réveil,
le ciel s’était complètement dégagé et la route, plate, nous offrait à ses
abords ses champs de maïs, avec les Alpes qui se dressaient au loin. C’est
après notre première pause, vers 12h00 que tout a changé. Un vent assez violent
s’est mis à souffler, en pleine face. Une horreur pour rouler. De plus la route
était davantage fréquentée, comme ce bout de D75 qui m’a vu être
« aspiré » par le passage d’un camion et m’a fait aterrir dans le
fossé, sans gravité heureusement. Ce n’est rien à côté des malheurs de Nico.
Une chute stupide (à l’arrêt) inaugurait mal de la suite. Après le repas pris
dans un restaurant le long de 75,
dans la petite cour ombragée qui était cachée derrière, l’ascension d’une côte
lui est restée sur l’estomac, certainement à cause de la mousse au chocolat.
Puis ce putain de vent de face a eu raison de ses nerfs, chose compréhensible
quand on est obligé de pédaler en 3 ou 4ème vitesse en descente.
Au bout du compte, les deux grosses côtes ont été effectuées à pied (c’est un comble, après avoir vaincu le Morvan et la Saône et Loire) et l’arrivée au gîte (sur un plateau complètement désert mais avec vue imprenable sur le Massif Central) sur le coup des 21h00. Le calvaire de l’après-midi nous a un peu gâché le paysage, car d’un côté s’élevait majestueusement le Puy de Dôme et tout le Massif et de l’autre, les Alpes qui, depuis le matin, nous accompagnaient tout en s’amenuisant au fur et à mesure du chemin parcouru.
L’accueil au gîte fut très chaleureux, une petite mamie nous ayant même préparé un repas assez copieux dans une salle à manger sombre et beaucoup trop grande pour deux et où l’on entendait de dehors le vent souffler ; cela donnait à l’ensemble une atmosphère bien étrange. La nocturne que j’avais prévu de faire s’est réalisée de façon bien involontaire et inattendue. Rouler à partir de huit heures le soir dans un tel environnement est un vrai plaisir : tout est si calme et si paisible… Très bénéfique pour les nerfs en feu de Nico...
Etape 5 - Trambly – Chasey sur Ain - 90 km
La
journée d’aujourd’hui a été cauchemardesque !! De la pluie et des orages
en continu. Nous avons connu le pire le matin, en partant de Trambly. En
modifiant un peu notre itinéraire, par une route un peu plus au sud, nous
devions éviter quelques monts assez élevés. Non seulement le nouveau chemin
nous a emmené à plus de 800 mètres d’altitude, mais un terrible orage s’est
abattu sur nous dans l’ascension du col de Montfartin : vent, pluie
à moitié grêle, tonnerre, le tout sans abri car aucune des maisons à proximité
n’a répondu à nos coups de sonnette. Finalement au bout de vingt minutes, on a
pu repartir, trempé jusqu’aux os, et achever le col. Cette expérience a été
assez impressionnante, du fait que nous nous trouvions en altitude, même
moyenne.
La descente vers Fleury a été par contre un vrai
régal : sur un tracé bordé de sapins au milieu des nuages, nous disposions
d’un magnifique panorama sur la vallée ; au bout de quelques kilomètres,
vers 200-300 mètres d’altitude, nous traversions les vignes du Beaujolais.
Un grand soulagement s’est produit quand, à
l’horizon, nous avons découvert les terres qui nous attendaient: le Plat
Pays ! Ca y’est, nous quittions définitivement pentes escarpées et valons ;
ce qui n’était pas pour nous déplaire quelque part.
C’est sous la pluie que nous avons continué à
rouler, après avoir déjeuné et bu le vin local évidemment. Le paysage est
devenu plus monotone, même si nous traversions les Dombes et leurs mille
étangs. Les kilomètres ont défilé assez vite, chose qui ne nous était pas
arrivée depuis samedi dernier…
Etape 4 - Etang sur Arroux - Trambly - 81 km
Première chose à faire avant de me lancer dans le
détail de la journée : rendre hommage à Nico qui en 2 jours a réussi à
tomber par le plus grand des hasards sur :
- son ancien maître de stage à Vézelay (demi-hasard,
certains diront plutôt signe divin).
- le cousin de la femme de M. Folz, pdg de
Peugeot-Citröen à Huis-Chatelain, autant dire au milieu de nulle part, en
pyjama à sa fenêtre au moment où nous l’abordions pour des questions
d’orientation.
Contrairement à ce que j’ai pu croire encore hier,
le soleil se fera encore attendre. C’est sous les nuages mais heureux que nous
sommes partis vers Trambly, car le Morvan avait été vaincu. C’était sans
compter la Saône et Loire et ses reliefs !
Il a finalement plu pendant près d’une heure mais
par chance nous étions alors confortablement assis dans un bar aux Gotherêts
pour petit-déjeuner. Le déjeuner s’est fait à St Bonnet de Joux, où sur
la place principale, évidemment déserte, un restaurant proposait un menu à
10,30 euros comprenant : entrée à volonté, plat, fromage et dessert à
volonté, café et vin à volonté… Les 30 derniers kms ont été délicats à gérer,
d’autant plus que le parcours nous réservait de belles côtes. Mon genou m’a
moins tiré qu’hier mais la douleur persiste. Nico quant à lui ne se plaint plus
de rien, ce qui est le monde à l’envers !
Nous sommes arrivés au gîte à 19h00. La demeure est
une vieille bâtisse rénovée dont le deuxième étage nous est complètement
réservé car, une fois n’est pas coutume, il n’y a personne d’autre que nous à
vouloir passer la nuit dans ces bleds paumés. On a eu aussi de la chance de
trouver à manger sur place, grâce à des restes laissés par des clients et à la
gentillesse de la propriétaire qui nous a offert patates, tomates et aubergines
du jardin. J’ai cuisiné à Nico un excellent repas : une purée-ratatouille
à base des légumes mentionnés ci-dessus, mais les patates n’ont jamais pu assez
cuire ; quant à mes œufs au plat, eux, étaient trop cuits. Nous avons
découvert ce soir là la magie de la bonne tenue d’une maison avec le composte
dans la cuisine, toute la gamme des aliments bio et la farine sans gluten.
Etape 3 - Le Moulin Simmoneau – Etang sur Arroux : 78 km
Ce
matin Nico m’a fait remarquer que notre charmant couple suisse, qui s’était
levé sur le coup des 06h00 pour entamer leur longue marche et l’avait réveillé,
n’hésitait pas apparemment à s’endormir tout nu devant des inconnus. Ainsi,
Nico a pu apprécier l’anatomie de la jeune fille quelques secondes avant de
refermer les yeux et de faire mine de dormir.
Contrairement
à hier, on s’attendait à ce qui allait nous arriver aujourd’hui : des
côtes, des côtes et des côtes. Et effectivement, de notre départ à 10h00
jusqu’à l’arrivée sur Anost à 13h00, nous n’avons fait que monter. Cela
s’est senti au niveau du paysage puisque les sapins étaient les seuls arbres
aux alentours. Bienvenue dans les Haut-Morvan ! L’arrivée sur Anost s’est
terminée par 6 km de descente, preuve des « sommets » que nous avions
atteint peu de temps avant. Après nous être goulûment restauré, nous sommes
repartis pour les 30 derniers kms des 78 que comptait l’étape, la plus courte
de la semaine.
Quel soulagement de constater au fur et à mesure des bornes avalées que le relief se tassait et que la route allait en dénivelé : nous quittions le Parc du Morvan que nous avons en réalité traversé intégralement du Nord au Sud. Soulagement pour les jambes, mais avec un brin de tristesse car nous ne sommes pas sûrs de retrouver de tels décors par la suite. Mon genou m’a fait beaucoup souffrir, j’espère pouvoir tenir jusqu’au bout. Nico, comme d’hab, a bien géré ses affaires tendino-musculaires, ça devrait passer pour lui. A 17h00 nous avons atterri à Etang-sur-Arroux, au camping plus précisément. Charmante cité où coule l’Arroux devant même l’emplacement des tentes. Endroit étonnant également, puisque tenu par des néerlandais, ne parlant quasiment aucun mot de français ! La clientèle est aussi à majorité hollandaise, d’où un contraste saisissant par rapport à l’endroit où nous nous situions (le centre de la France bordel !).
Nous avons passé toute la fin de journée et la soirée à l’une des tables extérieures, profitant des bières à un euro (0,5 pendant le « happy hour »), du soleil couchant dans ce décor bucolique et du temps pour soulager nos douleurs. Déjà plus de 300 kms dans les jambes mine de rien, ce qui n’est pas mal… La soirée s’est achevée par une partie de pétanque avec un des rares français présents, au bide aussi vallonné que le Morvan.
Petit retour sur les conditions climatiques : très beau et des températures idéales pour rouler. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes... So far, so good comme qui dirait.
Etape 2 - Champignelles – Le Moulin Simonneau - 110 km
L’étape d’aujourd’hui était sur le papier la plus longue : 110 bornes. Ce matin, nous avons constaté assez rapidement que le vent s’en était allé souffler ailleurs. Départ vers 08h00 jusqu’à Mézilles… où nous avons petit-déjeunés. Le parcours de la matinée fut très agréable et le paysage assez différent de la veille : au plat a succédé des terres vallonnées s’étendant à perte de vue. Un bonheur pour nos yeux. La petite halte à Druyes-les-Fontaines a été également sympathique.
Pourtant ce fut le début d’une longue période de
souffrances physiques car nous entrions en forêt de Fretoy, prélude au
Morvan. Le paysage bascula aussi, puisqu’avec la forêt, les arbres
s’accumulaient dans un cadre plus compacte et moins défriché qu’au matin.
L’arrivée à Vézelay a été terrible car nous avons enchaîné montées et
descentes de façon incessante. La ville ne manquant pas d’attrait, nous avons vite
oublié cette fin de matinée éprouvante.
Sur le coup des 17h00 et après trois heures de repos
mérité, nous sommes repartis vers notre destination. A 19h00, nous posions nos
fesses au bar de la place de Quarré-les-Tombes pour une bière
salvatrice. Quarré-les-Tombes la mal nommée car vu la gente féminine du coin,
Quarré-les-Bombes eut été plus approprié… Nico a géré ses blessures efficacement puisqu’il se
plaint de moins en moins. Moi par contre, j’ai retrouvé une ancienne amie, en
l’occurrence une douleur au genou gauche qui me fait souffrir depuis ce matin.
Etape 1 - Fontainebleau – Champignelles - 100 km
Le départ ce matin fut assez cocasse : rendez-vous était donné à la Gare d’Austerlitz à 06h15 pour Fontainebleau. Nico arrive à la bourre car il a coincé son vélo entre deux portes de métro. Le temps de négocier avec les contrôleurs, lui rappelant au passage que les deux roues sont interdits, Nico se pointe, fait unique, avec 4 minutes de retard. On chope quand même le train. A Fontainebleau, c’est le VRAI départ.
Qui n’a pas duré trois minutes d’ailleurs, Nico, toujours lui, se rendant compte que son casque gênait son sac. Bref, à nouveau quelques minutes pour réglages techniques et re-départ. Au bout de 10 minutes, ben là c’est moi qui déraille… Pour couronner le tout, la selle de Nico lui joue des tours, le malheureux devant s’arrêter tous les quarts d’heure pour effectuer de nouveaux réglages. M’enfin au bout d'un moment on était bien calé et définitivement lancé.
Vers dix heures, petit déjeuner au bar de Lorrez le bocage-Préaux, et pour déjeuner, pour fêter notre départ, nous avons mangé dans un restaurant à Courtenay, ce qui nous a permis de découvrir le veau-en-tête, qui n’est rien d’autre que du pâté.
Après
plus de 100 km parcourus ca y’est nous sommes arrivés à Champignelles,
soit 20 de plus que prévu. Fatal pour Nico qui a fini sur les rotules (sans
parler de ses problèmes aux adducteurs et mollets…). Moi ça va à peu près, mes
douleurs au dos et à l’omoplate ne se sont pas réveillées pour le moment.
Il n'y avait personne pour nous accueillir au gîte des "Maisons Blanches", perdu au bout de Champignelles, bourg lui-même paumé au milieu de l’Yonne. On a réussi quand même à se poser, vu que l’entrée du bâtiment annexe, réservé aux touristes comme nous, était ouverte. Intérieur sympa, très « rustico-rural » si l’on peut dire, assez spacieux, une grande pièce dînatoire et un dortoir d'une vingtaine de lits, évidemment…vides. Oui, y a pas âme qui vive dirait-on et c’est pas plus mal.
Finalement, nous avons mendié à un voisin du coin
un paquet de pâtes et du sel pour pouvoir manger sur place. Repas bucolique
dans le jardin mais résultat de ma soirée désastreux : zéro étoile filante
et de la pluie à minuit, ce qui m’a réveillé, car je m’étais endormi sur
l’herbe.
Prologue
Nicolas et moi avions pour projet pendant nos vacances d'été de faire un voyage à vélo par la route. Notre décision de faire Paris - Marseille est venue naturellement, car nous travaillions dans la capitale mais notre maison familiale se trouve respectivement à Marignane et Aix en Provence. Avant de partir, nous avons réservé tous les soirs des gîtes d'étape afin de nous "imposer" des étapes. Mais c'était quand même un peu l'inconnu car d'une part nous ne connaissions quasiment pas les régions entre les deux villes et d'autre part nous n'avions jamais autant roulé en vélo...
La veille du départ, nous étions donc excités comme des gamins à l'idée de traverser la France ! Accompagné de mon inséparable Bubba, je raconte ici 9 jours de sacrés bons souvenirs !